Sur le plateau de Beauregard qui domine la vallée de la Seine, Le Corbusier et Pierre Jeanneret conçoivent pour M. et Mme Pierre Savoye, une maison de week-end ainsi qu’une loge de jardinier.
Sur un vaste terrain de 7 hectares, libre de toute contrainte, la Villa Savoye est l’icône absolue du Mouvement Moderne. La maison se présente sous la forme d’un simple parallélépipède aux quatre faces équivalentes, posé sur pilotis et couvert d’un toit-terrasse d’où se détachent les formes plus souples d’un solarium. Les formes sont pures, immaculées, universelles.
Le dégagement d’une travée entière de pilotis et le retrait du rez-de-chaussée peint en vert sombre pour en effacer la masse dans l’ombre accusent l’impression d’élévation. La courbe du rez-de-chaussée est calculée pour permettre la circulation automobile, qui devient une composante à part entière de la composition architecturale. À l’intérieur également, la distribution et la conception spatiale sont définies selon les mouvements des usagers tout au long de la rampe qui du rez-de-chaussée dessert toute la villa jusqu’au solarium.
La quête de la légèreté est une autre génératrice majeure du projet. Celle-ci provient de la forme idéale du prisme, dont les façades sont équivalentes, de l’effacement du rez-de-chaussée, de la surélévation sur pilotis, mais également de l’importance accordée aux surfaces vitrées. L’utilisation de la polychromie puriste, renforce la dématérialisation de cette architecture en gommant la texture des matériaux et en transformant les murs et les cloisons en simple parois colorées comme dans une composition abstraite.
La Loge du jardinier
Elle est l’archétype du logement minimum. Elle présente les mêmes principes formels que la maison de maître, illustrant ainsi cette quête d’une architecture qui soit à la fois universelle et sans distinction sociale.
Le plan compact conçu pour 3 à 4 personnes n’offre que 30 m2 de surface habitable et 9,50 m2 de chaufferie et débarras. Quatre petites pièces accessibles par des portes coulissantes sont flanquées de part et d’autre d’une pièce commune de 12,70 m2. Rien de comparable avec la maison de maître voisine, mais une même communauté de pensée architecturale unit cependant ces deux réalisations.
La Villa Savoye et loge du jardinier est l’icône absolue du Mouvement moderne, immédiatement reconnue comme telle.