Fondation suisse/Pavillon Le Corbusier, 1933, Paris – France

Fondation suisse/Pavillon Le Corbusier

L’immeuble a été conçu par Le Corbusier et Pierre Jeanneret. La Fondation suisse/Pavillon Le Corbusier se présente sous la forme d’un bâtiment d’habitation collectif pour étudiants, inscrit dans un parallélépipède rigide (édifice à ossature métallique) monté sur d’imposants pilotis en béton brut de décoffrage. Les trois étages courants abritent chacun des réduits et quinze chambres, « simples cellules-tiroirs », distribuées par un couloir, ainsi que des cuisines collectives.

En terrasse, les cinq chambres supplémentaires occupent la place réservée à l’origine pour un vaste solarium et une salle de musique. Les chambres, rectangles de 6 mètres de profondeur sur 2,80 mètres de façade (la largeur d’une travée de l’ossature), offrent à chaque étudiant un lave-main, une toilette, une douche et deux placards. Des matériaux « tampons », tels que le caoutchouc, le molleton, le bitume et le sable séparent les cloisons montées à sec de l’ossature métallique. Chaque chambre est indépendante de la structure, à l’image d’une bouteille dans un casier, analogie développée maintes fois par la suite jusque dans l’Unité d’habitation de Marseille en 1945-1952.

Contrastant avec la masse rigide du dortoir, l’espace d’accueil est une construction d’un seul niveau, de forme libre, accolé au bâtiment de quatre étages. Derrière la courbe concave d’un mur de meulière, Le Corbusier et Pierre Jeanneret abritent le hall d’entrée, l’appartement du concierge, le bureau du directeur, et la salle commune ornée, en 1948, d’une peinture murale. Un mur de dalles de verre Névada éclaire la tour d’escalier autonome et de forme concave.

Qu’elles soient en verre au sud, en briques revêtues d’un placage de pierre à l’est et à l’ouest, ou percées régulièrement de petites fenêtres carrées au nord, ces façades non porteuses sont « libres ». Liberté qui ne sert pas à un jeu formel sophistiqué, mais que les architectes mettent au service de la recherche d’éléments standards et d’une lecture fonctionnaliste du bâtiment. La clarté du langage architectural et l’application jusqu’à l’évidence des Cinq points pour une architecture nouvelle rapprochent le Pavillon suisse de la Villa Savoye contemporaine. Leurs techniques de chantier cependant les opposent. L’une est industrielle, l’autre artisanale. Toutes les pièces de l’ossature de la résidence helvétique sont usinées et transportées sur place pour y être directement montées. Technique en devenir, mais aussi programme d’avenir, cette unité d’habitation pour étudiants contient en germe les principes de l’Unité d’habitation de grandeur conforme d’après-guerre.


Texte : Gilles Ragot

Crédit photographies : Olivier Martin-Gambier

© FLC/ADAGP, 2022

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