L’Unité d’habitation de Marseille est l’icône du Mouvement moderne pour un nouveau mode d’habitat collectif, véritable village vertical fondé sur l’équilibre entre l’individuel et le collectif. Elle est, de plus, une œuvre fondatrice du Brutalisme architectural.
L’édifice se présente sous la forme d’une barre d’habitation de 135 mètres de long, 24 mètres de large et 56 mètres de haut, montée sur pilotis. Trois cent trente appartements, répartis en vingt-trois types différents peuvent accueillir entre 1500 et 1700 habitants qui disposent aux 3e et 4e étages d’une rue commerçante, d’un hôtel-restaurant, d’une école maternelle au 8e étage, d’une terrasse et d’une galerie d’art (MAMO) au dernier étage.
Le principe constructif retenu est une ossature indépendante de poteaux et de poutres en béton armé, reposant sur dix-sept portiques. Le Corbusier retient le béton pour l’ossature générale, le bois et le métal pour l’ossature des logements. Les appartements sont constitués d’éléments standards assemblés sur place. Indépendants, ils sont séparés de l’ossature générale en béton par un appareillage coupe bruit qui a cependant vieilli. Pour Le Corbusier, le silence symbolise l’intimité de la famille et l’autonomie de la cellule au sein de l’unité.
Le Corbusier combine trois modules de base permettant de multiples combinaisons, depuis la simple cellule pour célibataire, au type E pour des familles de quatre à huit enfants en passant par le type C pour les couples.
La plupart des appartements de type E sont traversants. Une loggia brise-soleil prolonge le séjour à l’extérieur et module l’entrée du soleil. Protégé derrière un double vitrage, l’intérieur des appartements obéit aux lois de l’architecture navale et monacale : rationalisme et simplicité. Le séjour, cœur du foyer, est ouvert sur deux niveaux ; à l’étage, accessible par l’escalier de Jean Prouvé, la chambre des parents occupe la mezzanine. La cuisine d’origine conçue par Charlotte Perriand est équipée comme un laboratoire : cuisinière électrique, glacière et nombreux casiers de rangement. Tout l’appartement comprend ainsi de multiples systèmes de rangements : placards, armoires modulant l’espace, ces éléments remplacent les meubles traditionnels.
Les dix-sept étages sont organisés par huit rues intérieures qui, par le jeu des duplex, desservent chacune trois étages. Aux 3e et 4e étages, les habitants disposent d’une rue commerçante complétée à l’origine d’une laverie. Enfin, sur la terrasse ceinte d’une piste de course à pied de 300 mètres, un gymnase devenu galerie d’art et une école maternelle, une pataugeoire pour les enfants ainsi qu’une scène et un fond de scène pour accueillir des représentations théâtrales enrichissent l’ensemble.
L’ensemble de l’édifice et ses équipements sont dessinés au Modulor, l’unité de mesure universelle conçue par Le Corbusier.
L’Unité d’habitation de Marseille, œuvre fondatrice du Brutalisme architectural, est l’essai majeur d’un nouveau mode d’habitat fondé sur l’équilibre entre l’individuel et le collectif.